dimanche 11 novembre 2012

Halloween et Saint-Martin: fêtes de la jeunesse et de la vie




fête de Saint-Martin- à Dunkerque- Photo La Voix du Nord

Hier soir, 10 novembre 2012, des milliers de petits enfants des Flandres, dans le Nord de la France, ont fêté Saint-Martin.  Partons à la découverte de cette tradition populaire, qui a une parenté lointaine avec la fête d'Halloween.

En France comme au Brésil, cela fait peut de temps que l'on fête Halloween. Cette fête est arrivée dans nos foyers par la télévision, mais aussi par les cours d'anglais. Au point de devenir une fête très prisée par les jeunes, les tout-petits, comme les lycéens et les étudiants.
Si on regarde comment est fêté Halloween aujourd'hui, on se rend compte que cela n'a plus rien à voir avec ses origines: il ne reste que quelques petites allusions au monde des morts, burlesques, et qui sont surtout un prétexte pour se déguiser. Juste une opportunité de plus pour faire la fête! Indépendamment de son origine américaine, l'important est de sortir de la routine du quotidien.



Halloween est une fête qui marque l'entrée dans l'hiver, l'entrée de la Terre dans le monde des nuits froids et longues. A l'image d'autres fêtes hivernales, comme Noël ou la Saint-Valentin (le 14 février), Halloween est devenue une nouvelle grande fête populaire, symbole d'un monde globalisé et sans frontières.


Halloween est-elle incompatible avec les fêtes traditionnelles?


Beaucoup de Brésiliens et de Français reprochent à Halloween d'être une fête importée. On lui préfère le folklore traditionnel, parfois en danger de disparition. Au Brésil, on reproche à Halloween de n'avoir rien à voir avec la culture brésilienne.

Il est vrai que Halloween est fêtée le 31 octobre, veille de la commémoration des morts selon la tradition catholique. Dans l'hémisphère nord, cette date marque le début de l'hiver, du froid et des nuits interminables. Halloween, comme le Carnaval, est une fête populaire qui met en évidence les contraires et les oppositions symboliques: la vie et la mort, la lumière et les ténèbres, l'hiver et l'été, les hommes et les dieux.


photo internet


Halloween est une fête très ancienne, d'origine celte. Elle remonte aux peuples qui habitaient la Gaule et les Iles Britanniques il y a 2500 ans.
A l'origine, il s'agissait de festivités du calendrier celte, les fêtes de Samhain, célébrées pendant 7 jours, entre le 30 octobre et le 2 novembre (à mi-chemin entre l'équinoxe d'été et le solstice d'hiver), ainsi que 3 jours avant et 3 jours après.

Ces fêtes marquaient la fin de l'été (Samhain signifie littéralement "fin de l'été"). Elles siginifaient également  l'arrivée du nouvel an celte.
Les Celtes pensaient que le monde était menacé, à la veille de cet événement, par de terribles démons et fantômes. Ils pensaient que les esprits sortaient des cimetières pour prendre possession des corps des vivants. Pour leur faire peur, les Celtes accrochaient des objets terrifiants devant leurs maisons, comme des os décorés, des têtes de mort...et des citrouilles creusées...


Ces festivités païennes ont perdu, notamment au début du christianisme. Les premiers chrétiens fêtaient leurs morts au mois de mai, après que le Pape Boniface IV au VIIe siècle a décidé de transformer un temple romain dédié au Panthéon (ensemble des dieux romains) en lieu de culte chtien et de le consacrer "à tous les saints".

La fête de Tous les Saints, était fêtée à l'origine le 13 mai, mais le Pape Grégoire III, au VIIIe siècle, a changé la date pour le 1e novembre. Ainsi, les "barbares convertis" pouvaient se souvenir de cette fête chrétienne , qui succédait à la fête de Samhain.

Cette fête était appelée All Hallow’s Eve ("Veille de Tous les Saints"), se transformant successivement en All Hallowed Eve et "All Hallow Een" jusqu'à l'actuel "Halloween".

Ce terme s'est perpétué, et la commémoration d'Halloween, qui a été importée aux Etats-Unis par les immigrants irlandais au XIXe siècle, s'est popularisée, au point d'être connue comme "le jour des sorcières".

Au Brésil, certaines critiques contestent l'importation d'Halloween, dans la mesure où le pays détient déjà une très grande diversité folklorique, mais peu valorisée.
C'est pour cette raison que le gouvernement a créé en 2005 le "Jour de Saci" commémoré également le 31 octobre. “La date a été choisie volontairement, pour attirer l'attention des Brésiliens. Le jour de Saci a été institué pour défendre les mythes nationaux. Je considère qu'il faut divulguer et promouvoir notre culture" a déclaré Mário Cândido da Silva Filho, président de la Société des Observateurs de Saci (Sosaci). 
D'après Silva Filho, Saci n'est pas un personnage “maléfique (...) C'est un petit enfant espiègle qui préfère être libre plutôt que de vivre dans la maison des esclaves (du temps de la colonisation). L'histoire a beaucoup évolué. Chacun se crée sa propre image de Saci”.

En France, il n'a pas été nécessaire de créer un jour de commémoration des mythes nationaux. Des fêtes populaires marquant l'entrée dans l'hiver existent jusqu'à aujourd'hui dans la moitié nord du pays, où vivaient les peuples celtes.

Dans les région des Flandres, ces fêtes ont été très influencées par le catholicisme. Le catholicisme y est même tourné en dérision, comme c'est le cas avec la Saint-Martin. La fête de Saint-Martin n'a rien à voir avec la foi, c'est une fête qui très tôt a été dédiée aux enfants, avec une touche d’irrévérence religieuse.

La fête de Saint Martin nous vient d'une légende du XVIe siècle. Saint-Martin était un évangélisateur du IVe siècle (la légende dit qu'il fut à Dunkerque, mais malheureusement, il ne s'agirait que d'une légende!). D'après la légende, alors qu'il tentait d'évangéliser un petit village de pêcheurs (la future ville de Dunkerque), et s'étant arrêté dans une tarverne pour se réchauffer, manger un morceau et boire un petit coup, son âne se serait échappé.
Le Saint, un peu rond, aurait demandé aux enfants du village de l'accompagner à la recherche de son âne. Munis de lanternes, les enfants l'auraient retrouvé dans les dunes, grâce aux crottes laissées par l'animal.
Jusqu'à aujourd'hui, les enfants et leurs familles attendent avec impatience la fête de la Saint-Martin. La Saint-Martin se prépare dans les écoles plusieurs semaines semaines à l'avance.
Cette fête se déroule le soir du 10 novembre (la date était à l'origine le 11 novembre, mais la date a été changée dès lors que le 11 novembre est devenue date de commémoration de l'armistice de la guerre 1914-1918). 


 Le soir, au coucher du soleil, les enfants se réunissent derrière Saint-Martin et son âne et défilent avec des lanternes de betteraves sculptées (rappelant ainsi les citrouilles sculptées américaines). 

photo 2009 HVDZ Hazebrouck


 Les petits défilent en entonnant en choeur la fameuse chanson de Saint Martin:

« Saint Martin boit du vin
Dans la rue des Capucins 
Il a bu la goutte 
Il a pas payé 
On l’a mis à la porte avec un coup d’balai »

Après le défilé, les enfants sont accueillis dans une salle de la Mairie, pour élire la plus jolie lanterne. Tous les enfants reçoivent un cadeau très spécial: un volaer, un pain au lait brioché et aux raisins.
Ce défilé est un moment magique qui égaie tous les quartiers et tous les villages de la région de Dunkerque. 


Saint Martin défile avec les enfants de Dunkerque (photo Ville de Dunkerque)


Cette fête flamande montre bien comment on a tenté de christianiser les fêtes païennes de Samhain, mais aussi comment les peuples ont réussi à tourner la religion et le culte des saints en dérision. 

Les commémorations contemporaines d'Halloween et de Saint-Martin sont aujourd'hui des fêtes de la lumière, de la jeunesse et de la vie. Filles héritières de Samhain, elles illustrent la renaissance et le cycle de la vie.

Et pour terminer en poésie, visitez ce site ami, Légende et Conte. Anastasia nous raconte magnifiquement et en poésie la Saint-Martin de la petite fille qu'elle est redevenue le temps d'un défilé...

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