jeudi 8 novembre 2012

Brésil : les habitants de Rio demandent une amélioration de l'assainissement

Texte original de Sara Moreira pour Global Voices. Traduction Emmanuelle Leroy Cerqueira pour Global Voices.

[Les liens mènent à des pages en portugais]
Une des questions principales qui sera abordée lors du hackathon régional Développer l'Amérique Latine des 1 et 2 décembre 2012 est celle de l'assainissement. Il existe un projet au Brésil qui peut servir d'inspiration au développement de nouvelles plateformes.
L'initiative Saneamentro é Básico [L'assainissement c'est basique] a été lancée par l'association Meu Rio, dédiée à la participation des citoyens à la vie civique grâce aux technologies. D'après l'organisation : “La moitié de la population de Rio de Janeiro n'est pas encore raccordée aux réseaux d'eau et d'assainissement”, ce qui représente environ 3 millions de citoyens qui sont dès lors obligés de boire de l'eau sale ou de jeter les eaux usées directement dans les rivières, les lacs ou sur les plages de la Ville Merveilleuse”.

Meu Rio a lancé une pétition en ligne, accompagnée d'une vidéo “Eu quero 100% de #saneamentoparaorio” [je veux 100% d'assainissement pour Rio], qui présente les problèmes quotidiens auxquels sont confrontés les Cariocas.


Eu quero 100% de #saneamentoparaorio! from Meu Rio on Vimeo.


L'effet “cocotte minute”

Une des plateformes de Meu Rio, a Panela de Pressão (Cocotte minute) donne la possibilité à tout citoyen ou à tout mouvement social de créer sa propre campagne de pression populaire, comme l'explique le site internet :
"La recette est simple: vous désignez un problème, vous invitez d'autres personnes partageant les mêmes objectifs, et vous faites directement pression sur les politiques, les chefs d'entreprises, les fonctionnaires, par email, Twitter ou Facebook."
Les campagnes sur les problèmes d'assainissement à Rio de Janeiro ne font pas exception. L'une d'entre elles met en évidence le problème de débordement des égouts à la plage de São Conrado. La campagne, lancée par le mouvement Salvemos São Conrado [Sauvons Saint Conrad] qui a son propre blog et sa page Facebook avec 2 500 inscrits, s'appuie sur une analyse de la qualité des eaux des plages de Rio, faite par l'INEA (Instituto Estadual do Ambiente) [Institut régional pour l'environnement]. Cette analyse révèle:
"Le Secrétaire de l'Etat de Rio de Janeiro à l'Environnement, Carlos Minc Sr est à l'origine de la Loi 2661/96 du 27 décembre 1996, qui exige un seuil minimum de traitement des eaux usées domestiques avant leur rejet dans les plans d'eau, afin de ne pas créer de risques pour la santé humaine et l'environnement. Mais le même autorise les institutions à contourner les normes, et ferme les yeux sur le mépris que cela représente pour le peuple carioca et l'environnement”.
Malgré la promesse du Secrétaire de l'Etat de Rio de Janeiro à l'Environnement de dépolluer la plage, Salvemos São Conrado dresse un état préoccupant de la situation actuelle:

Campanha "Salvemos São Conrado"
Campagne “Salvemos São Conrado”

"Il y a plusieurs langues noires qui envahissent le sable en période de pluie, mais ce qui est le plus révoltant, c'est le rejet volontaire de toutes les eaux usées de la favela  de la Rocinha (…) depuis l'époque du gouverneur Garotinho. (…) A la même époque une station d'épuration a été créée, qui devait traiter des eaux usées avant leur rejet à la plage, mais Rio Aguas, qui est responsable de la station, ne fait pas son travail et rejette toutes les eaux sales dans la nature.”

Grâce à Panela de Pressão, 141 messages directs ont déjà été envoyés, exigeant “un accès au projet technique complet envisagé pour la dépollution de la Plage de São Conrado, et [la garantie que] les travaux commencent immédiatement”. Les messages ont été adressés aux responsables suivants :  Wagner Victer, Président de la CEDAE (Companhia Estadual de Águas e Esgotos) [Compagnie de l'Etat de Rio de Janeiro des Eaux et Eaux Usées], Carlos Alberto Muniz, adjoint municipal en charge de l'Environnement, à Carlos Minc, Secrétaire de l'Etat de Rio de Janeiro à l'Environnement, et à Rio Aguas, Fundação Instituto das Águas do Município do Rio de Janeiro [Fondation Institut des Eaux de la Ville de Rio de Janeiro].
Le journaliste Guilherme Ramalho nous rapporte un autre cas similaire à propos de la pollution de la baie de Guanabara.

Campanha "Poluição na Baía de Guanabara, nunca mais!" na Panela de Pressão
Campagne “Pollution de la baie de Guanabar, plus jamais!” sur le site Panela de Pressão

Le Programme de Dépollution de la Baie de Guanabara (PDBG) a été lancé lors de Eco+92. Sa mise en œuvre a commencé en 1994 mais le projet ne s'est jamais terminé. En vingt ans, la propreté de la baie de Guanabara est déjà passée entre les mains de six gouverneurs et a déjà coûté 1,5 milliard de Reais. Les eaux sales continuent d'être rejetées dans la baie sans pratiquement aucun traitement.Maintenant le nouveau projet PSAM, programme d'assainissement environnemental des villes riveraines de la baie de Guanabara (Programa de Saneamento Ambiental dos Municípios do Entorno da Baía de Guanabara) prévoit un budget de 1,13 milliard de Reais pour la réalisation des travaux de traitement des eaux usées domestiques et pour des projets d'assainissement dans 15 villes riveraines de la baie.Cherchant surtout à garantir que les solutions mises en œuvre permettront une “dépollution qui dure plus de 20 ans”, et qu'elles seront achevées en 2016, année des Jeux Olympiques à Rio, la campagne fait pression sur Carlos Minc, Secrétaire de l'Etat de Rio de Janeiro à l'Environnement, qui a reçu dans sa boîte 99 exemplaires du message suivant :
"Nous souhaitons que le Secrétaire de l'Etat à l'Environnement diffuse le calendrier de mise en œuvre et les moyens annuels du programme PSAM, afin que la population, les universités et les médias puissent contrôler et garantir la réussite de cette dépollution."
Campanha "Não queremos aumento da tarifa da água!" criada por Nalva Pinheiro, moradora do Colégio
Campagne “Nous ne voulons pas d'augmentation du tarif de l'eau!” créée par Nalva Pinheiro, habitante du quartier du Colégio.

Bien que n'ayant pas atteint son objectif initial, une campagne qui vient de s'achever a retenu toute l'attention des médias. Cette campagne dénonce dans une vidéo une série de problèmes concernant les prestations de la CEDEA, et exige l'annulation de l'augmentation de 10 à 14% du tarif de l'eau, “tant que les problèmes ne sont pas résolus”:
"C'est abusif de payer chaque jour plus cher, alors que la qualité du service diminue. Les factures sont erronées, ils nous coupent l'eau sans explication, souvent l'eau est sale, et c'est très difficile de parler avec eux au téléphone pour trouver une solution aux problèmes. Nous sommes mal traités à chaque fois que nous essayons. Sans parler des gens qui reçoivent des factures alors que l'eau n'arrive même pas chez eux, et qu'il faut payer quand même pour ne pas figurer sur une liste noire”.
Pratiquement 2 200 messages ont été envoyés à Ouvidoria et au Président de la CEDAE, mais, d'après le texte de la pétition ci-dessus, celui-ci a répondu que “il ne va pas revenir sur l'augmentation du tarif puisqu'il existe un décret signé il y a 12 ans autorisant la CEDAE à augmenter le tarif de l'eau sans passer par le contrôle d'une agence garantissant la qualité de service et la nécessité de réajuster le tarif”.
La pétition lancée par Meu Rio cite la campagne d'une citoyenne carioca. Cette campagne s'adresse au Gouverneur de l'Etat de Rio de Janeiro, Sérgio Cabral, et exige l'annulation du décret 25.997/200 [pdf] qui confère des pouvoirs au Président de la CEDAE considérés comme abusifs par l'organisation.

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